Mythe et création 2. L’oeuvre, l’imaginaire, la société
sous la direction de J.-P. Madou, S. Santi & L. Van Eynde
Edition: Chambéry, Presses de l’Université de Savoie, 2007.
Fruits d’une collaboration entre des chercheurs de l’Université de Savoie (LLS) et des Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles (SIRL), les études réunies dans ce volume s’inscrivent dans le prolongement des travaux publiés en 2005 dans Mythe et Création. Alors que Mythe et Création abordait la dynamique de l’imagination créatrice dans ses rapports aux diverses formes de légalité qui à chaque époque structurent et configurent le champ du savoir (le mythe, les genres, les figures, etc.), le présent volume s’attache aux rapports qui se nouent entre l’œuvre, l’imaginaire et la société. Il reprend la question des rapports du mythe et de la littérature afin de l’inscrire dans un horizon plus vaste et de faire apparaître la dimension utopique et l’exigence communautaire que toute œuvre authentique porte en elle. Aussi, au lieu de s’interroger sur les rapports de l’œuvre littéraire à la société (comme si la première n’était jamais que le produit ou le reflet de la seconde), ne convient-il pas d’interroger en premier lieu le pouvoir instituant de l’œuvre littéraire à même le champ social ? La littérature ne participe-t-elle pas de façon privilégiée à ce que Castoriadis appelait l’institution imaginaire de la société ? N’y a-t-il pas alors contradiction entre le pouvoir instituant de l’art et de la littérature, leur emprise sur le réel, et le principe de leur autonomie qui les retranche du monde pour les livrer à l’immanence des formes, au jeu d’une finalité sans fin ? Si la modernité esthétique depuis Kant défend le principe de l’autonomie de l’œuvre d’art, qu’en est-il des rapports de l’esthétique à la société ? Sommes-nous condamnés à couper l’œuvre de tout contexte, de tout référent, de toute expérience de vie ? Tout se passe alors comme si l’œuvre, captive de ses jeux d’échos et de miroirs, n’avait souci que d’elle-même. Inversement, devons-nous sacrifier l’autonomie de l’œuvre à son statut de fait social ?