L’Ethos de l’im-possible. Dans le sillage de Heidegger et Schelling
Sylvaine Gourdain
coll. « Le bel aujourd’hui », Paris, Hermann, 2017.
coll. « Le bel aujourd’hui », Paris, Hermann, 2017.
Toute éthique, Heidegger l’a montré, est enfermée dans un paradoxe : alors qu’elle a pour objet de fonder a priori des règles universelles et nécessaires pour orienter notre comportement, l’éthique bute inéluctablement sur la particularité et la contingence des circonstances singulières. Surtout, une éthique qui dicte ainsi des principes risque fort de décharger l’être humain de sa responsabilité essentielle en le dispensant de la tâche de la pensée. Comment, alors, concevoir en conséquence notre rapport au monde ? Comment repenser notre « séjour » (ἦθος) sur terre pour en faire une véritable préparation au bien-vivre, un soutien au mouvement même du désir, de l’action et de la décision ? Comment ajuster notre besoin de règles universelles à l’irréductible singularité phénoménale des événements ? La confrontation des philosophies de Schelling et de Heidegger permet de penser autrement l’ethos, radicalement opposé à toute tentative normative qui fixerait a priori les lois universelles censées régir la maxime de nos actions. Tel est le sens du présent essai, dont l’enjeu principal est de fonder l’ethos de l’im-possible, celui qui admet l’événement et le surgissement imprévisible du possible et y répond.