Vendredi 23 mai 2025
14h-16h
Répondant : Emmanuel Vernadakis (sous réserve).
Résumé :
Dès son apparition dans la littérature, au sein de deux récits sensiblement différents donnés par Hésiode (Théogonie et Les Travaux et les Jours), la figure de Pandora est indissociablement liée au regard et à la représentation. Première femme créée par la volonté de Zeus, Pandora est un artefact tout autant qu’un être vivant animé par les dieux qui insufflent en elle la charis. Donnée à voir aux dieux et aux hommes comme une « merveille » (thauma), elle n’est qu’une apparence trompeuse dissimulant sa véritable nature contradictoire. Représentation dépourvue de tout modèle par la force des choses, en tant que première femme, elle est l’image d’une image qu’elle instaure elle-même, semblable à une déesse ou à une jeune fille pure et séduisante. Ce statut particulier amène à reconsidérer les liens complexes entre figuration et réalité. La pensée mythique et archaïque témoigne ainsi d’une conception de la représentation qui joue sur les liens d’interaction entre l’objet donné à voir et celui qui le regarde, bien plus que sur le strict rapport à un modèle premier de référence : l’incarnation pleine et entière prime sur la dépendance mimétique qu’imposera Platon dans sa dénonciation des images. Pandora, enfin, acquiert le statut d’icône immédiatement identifiable grâce à l’objet métonymique qui lui est associé et qui la définit au mieux, la boîte, alors que c’est une jarre (pithos) que lui attribue le mythe : il faut s’interroger sur cette substitution et sur ses implications. Ces nombreuses « semblances de Pandora » constituent autant d’ambiguïtés et d’ambivalences que l’on se propose de mettre en lumière et d’étudier.