Il est des œuvres, des théories, des philosophies qui n’ont jamais réussi à trouver de résonance dans leur époque, que l’on redécouvre ou dépoussière aujourd’hui, et dont la contemporanéité soudain nous frappe ; à l’inverse, il est aussi des œuvres et des pensées qui, très en vogue en leur temps, choquent nos contemporains, tant ils apparaissent – à tous ou à certains – dépendants d’une idéologie qui heurte les sensibilités, les valeurs et les normes actuelles. On trouve aussi quantité de ces œuvres et de ces pensées qui, qu’elles aient ou non fait mouche à leur époque, peuvent être relues, et presque réécrites aujourd’hui à l’aune de questions actuelles, acquérant de ce fait une signification ou une orientation toute nouvelle, en lien avec des enjeux de société et de réflexion contemporains. Il n’est d’ailleurs pas besoin de remonter très loin dans le temps : n’y a-t-il pas nécessairement un décalage (qui peut être chronologique, mais aussi géographique, linguistique, culturel,…), infime peut-être, mais néanmoins essentiel, entre la production et la réception d’un texte, de tout discours ? L’anachronisme n’est-il pas le corollaire inséparable de l’acte de lecture et du geste interprétatif, et la réappropriation du discours d’autrui – moyennant certaines règles déontologiques et le respect d’un principe de cohérence –, la liberté fondamentale de l’interprète ? Peu ou prou nous renonçons toujours à l’illusion d’exhumer le sens originel, comme à abolir cette distance qui sépare l’écriture de la lecture.

Comment lire aujourd’hui ? Comment mobiliser – reprendre à son compte, sauver ou au contraire rejeter – une œuvre ou une pensée à l’aune des questions du temps présent, ou de celles de nos paradigmes de pensée ? Quels sont nos gestes herméneutiques et leurs limites ?

À partir de ces quelques pistes de réflexion, on pourra par exemple travailler sur une étude de cas (œuvres littéraires, artistiques, cinématographiques, philosophiques,…) ; ou creuser les théories de l’interprétation et les philosophies herméneutiques ; ou encore, mettre l’accent sur la dimension méthodologique du geste de lecture, les méthodes d’interprétation, de reprise ou de recontextualisation du sens d’une œuvre, d’un texte ou d’un discours.

Les membres et membres associés du Prospéro, quel que soit leur statut (doctorant, postdoctorant, académique, etc.), sont invités à venir présenter leurs recherches lors de cette journée d’étude « interne » (c’est-à-dire consacrée aux travaux des chercheurs et chercheuses du Centre), en les articulant au thème de la journée.