Le Centre Prospéro organise, à l’initiative et sous la responsabilité de Claire Lozier, une série de séminaires dans lesquels des intervenants extérieurs viendront à chaque fois nous faire découvrir des lieux de rencontre où se croisent littérature, théorie et philosophie.
L’accès à ces séances est libre.
Mercredi 27 mars, 14h-16h, Local 4015
Dr Mathilde Poizat-Amar, University of Kent
« Voyages autour de ma chambre.fr : la littérature de voyage contemporaine française face au numérique »
L’usage grandissant d’Internet rend l’expérience du déplacement et de son écriture peu à peu hybride : l’exploration physique du monde s’augmente de l’exploration immobile des outils de cartographie digitale tandis qu’aux classiques de la littérature de voyage s’ajoute l’immensité des productions publiées sur les blogs, réseaux sociaux, et autres plateformes numériques. Face à la révolution des habitudes d’écriture viatique entraînée par l’ère numérique, la critique littéraire peine parfois à adapter ses outils critiques : comment aborder, en effet, la question de la littéralité de cette infinité de récits publiés sur Internet ? Est-il possible de distinguer définitivement les voyages géographiques des voyages immobiles, facilités par les outils numériques de navigation ? Enfin, comment les écrivains-voyageurs contemporains peuvent-il interroger le potentiel heuristique du monde numérique au sein du format imprimé ?
Ces questions seront adressées à travers l’étude de trois récits de voyage dont l’engagement avec le numérique diffère tant dans les pratiques d’écriture que dans les modalités de publication : le blog ‘Dreamland, Carnet de voyage virtuel’ (2012-présent) ainsi que le carnet de voyage Eclats d’Amérique (Inculte, 2014) d’Olivier Hodasava, et Boussole (Actes Sud, 2015) de Mathias Enard. Du blog et journal de voyage inspirés par Google Maps/Street View de Hodasava à l’hyperstratification de la prose d’Enard rappelant la vocation encyclopédique d’Internet, ces œuvres interrogent, chacune à leur manière, la question maintenant inévitable de la porosité du monde, du texte, et du numérique en faisant jouer les frontières du réel et du virtuel, du mouvement et de l’immobilité. Ce faisant, ils nous invitent à repenser nos outils critiques pour aborder l’écriture du monde au contact du digital.
