Séance 4/4 – (Re)configurer le sensible
Objectifs
Le séminaire de recherche (Re)configurer le sensible. Approches esthétiques, approches politiques : confrontation avec l’œuvre de Jacques Rancière a pour objectif de rassembler des jeunes chercheurs d’universités, de disciplines (philosophie, études littéraires, théâtrales et cinématograpiques, histoire de l’art,…) et d’orientations différentes en leur proposant d’interroger, dans les travaux de Rancière et à la lumière de ceux-ci, la façon dont esthétique et politique partagent le réel sensible, opèrent une division et une distribution des espaces, des temps et des pratiques.
Ayant orienté sa réflexion vers des questionnements portant sur l’idéologie et la représentation, Jacques Rancière est l’auteur d’une œuvre riche, située à l’interpénétration de différents champs de la philosophie, tant politique qu’esthétique. Interrogeant les couples notionnels qui structurent, dans la seconde moitié du XXe siècle, les modes de pensée (activité/passivité, regarder/savoir, émancipation/aliénation, apparence/réalité, cause/effet, collectif/individuel, entre autres), sa réflexion vise non seulement à (r)établir les conditions d’intelligibilité d’une démarche sur l’esthétique et la politique mais aussi à étudier les tensions et liens qui se tissent entre l’une et l’autre. En 1994, il écrit ainsi que « L’esthétique n’est pas d’abord la pensée ou la pratique de l’art qui viendrait se mettre au service de la politique. L’existence d’un domaine spécifique dont la politique viendrait contester l’autonomie n’est elle-même qu’une configuration récente de l’univers des discours et des pratiques. (…) Pour comprendre les rapports entre politique et esthétique, il faut ramener le terme d’esthétique à son sens premier : ce qui concerne le sensible. […] La politique n’est pas l’art de gouverner, elle est d’abord l’inscription du commun dans le sensible. » 1
Rancière s’attache donc à démontrer comment esthétique et politique, dans leurs pratiques concrètes, articulent des manières de dire et de faire, des formes de visibilité, des modes de pensabilité et permettent par là de reconfigurer nos représentations du sensible, de nouer de nouveaux rapports avec celui-ci et de changer les coordonnées du représentable.
Dans ce séminaire, nous invitons les jeunes chercheurs à analyser comment art et politique peuvent s’appréhender comme « formes de dissensus », c’est-à-dire comme des « opérations de reconfiguration de l’expérience commune du sensible. » 2
1. Rancière Jacques, « Esthétique de la politique et poétique du savoir », In : Espaces Temps, 55-56, 1994. Arts, l’exception ordinaire. Esthétique et sciences sociales, p. 81 et p. 82.
2. Id., Le spectateur émancipé, Paris, La fabrique, 2008, p. 70.
Organisation du séminaire
Ce séminaire interdisciplinaire s’adresse aux jeunes chercheurs en études littéraires, théâtrales et cinématographiques, philosophie et histoire de l’art.
Les premières séances auront lieu
Le 3 novembre à 16h30 (Université Saint-Louis, Bruxelles, local à déterminer)
Le 5 décembre (Université Saint-Louis, Bruxelles, local et heure à déterminer)
D’autres séances seront organisées entre janvier et juin 2017, en fonction des disponibilités des participants. Chacune d’entre elles consistera en un ou deux exposés (d’une heure environ) proposant des analyses d’œuvres artistiques et/ou réflexions relatives à l’esthétique, à la politique et ou à leur entrecroisement. Selon le domaine de recherche de l’intervenant, l’exposé peut évidemment privilégier l’une ou l’autre de ces dimensions, pour autant qu’il fasse appel à des notions issues d’un ou de plusieurs ouvrage(s) de Rancière. Un temps de questions et d’échange aura ensuite lieu.
Au terme du séminaire seront organisées une conférence et une table ronde avec un spécialiste de l’œuvre de Rancière.
Contact :
judith.pollet@uclouvain.be
emilie.ieven@usaintlouis.be
Bibliographie sélective
Le maître ignorant : cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle, Paris, Fayard, 1987.
« Esthétique de la politique et poétique du savoir », In : Espaces Temps, 55-56, 1994. Arts, l’exception ordinaire. Esthétique et sciences sociales, pp. 80-87.
La mésentente. Politique et philosophie, 1995 (La philosophie en effet).
La chair des mots. Politiques de l’écriture, Paris, Galilée, 1998.
La parole muette. Essai sur les contradictions de la littérature, Paris, Hachette, 1998 (Hachette littératures).
Le partage du sensible. Esthétique et politique, Paris, La fabrique, 2000.
Au bord du politique, Paris, Gallimard, 2004 (Folio, essais n°434).
Politique de la littérature, Paris, Galilée, 2007 (La philosophie en effet).
Le spectateur émancipé, Paris, La fabrique, 2008.
Figures de l’histoire, Paris, PUF, 2012.
Le destin des images, Paris, La fabrique, 2014.
La méthode de l’égalité, Paris, Bayard, 2012.
Comité scientifique et organisateur
Anaëlle Impe, boursière FRESH (F.R.S. – FNRS), USL-B
Emilie Ieven , boursière sur fonds ARC (F.R.S. – FNRS), USL-B
Martin Mees, aspirant F.R.S. – FNRS, USL-B
Judith Pollet, boursière F.R.F.C. (F.S.R. – FNRS), Université catholique de Louvain
Manon Delcour, maître-assistante, USL-B (Faculté de traduction et d’interprétation Marie Haps)