Colloque « L’animalité. Rencontres philosophiques et littéraires aux confins de l’anthropologie » – Les 5 et 6 juin 2014
L’objectif de nos deux journées d’études est de mettre en perspective, par des moyens à la fois philosophiques et littéraires, l’animalité de l’animal comme envers de l’humanité de l’homme aux limites de leur finitude constitutive. Qu’elle soit pensée selon le modèle de la continuité ou au contraire de la rupture avec l’animal, la question de la genèse de l’humanité et du rapport de l’humain à son autre (ou à ses autres) mérite aussi d’être posée dans l’autre sens : quelle est la genèse de l’animalité et quels rapports celle-ci entretient-elle à son ou à ses autre(s) ? Notre démarche est ainsi moins motivée par les problèmes que pose l’« animal » (et les réflexions juridiques ou bioéthiques qu’on lui associe fréquemment aujourd’hui) que par l’énigme de ce substantif, l’animalité, fil rouge de toute investigation concernant la différence (et l’indifférence) anthropologique. Ainsi, nous chercherons tout autant à cerner la façon dont l’animalité inquiète, jusqu’à mettre en péril, l’humanité, qu’à percevoir comment elle traverse et donne forme à tout type de corporéité. En effet, qu’il s’agisse de la sensibilité, de l’affectivité, du langage, de la vie fantasmatique et imaginaire, ou encore de la culture, aucun aspect de l’humain ne reste indifférent à la manière dont l’animal constitue un seuil instable et mouvant ou fait limite. Limite externe comme interne, puisque l’autre hors de soi tout autant qu’en soi est toujours ambivalent : à la fois entrave, risque, il est aussi fondement et libération. Lire ou relire cette problématique consiste d’abord à la rendre elle-même lisible : faire émerger la question anthropologique nécessairement sous-jacente à toute interrogation sur l’animalité. C’est ce que nous souhaitons faire en nous appuyant sur un matériau philosophique et littéraire le plus large possible. Ainsi, différentes approches du texte littéraire (voire d’autres œuvres artistiques) pourront croiser une large gamme de courants philosophiques (phénoménologie, herméneutique, constructivisme, philosophie analytique, etc.) ou de champs disciplinaires (anthropologie, histoire de la philosophie, philosophie des sciences, du langage, aussi bien qu’éthologie, zoologie, psychanalyse, etc.).