Colloque international du réseau Philature
Argumentaire :
À partir de 1980 et jusqu’à la fin de sa vie, Michel Foucault explore dans ses cours au Collège de France comme dans ses ouvrages, conférences et entretiens une idée qui va progressivement s’imposer dans sa pensée : la possibilité de façonner sa propre vie comme on ferait une œuvre d’art. Cette formation autonome et singulière de soi se résume à partir de l’année 1982 par la formule de « l’esthétique de l’existence », qui apparaît de façon foisonnante dans les derniers textes et interventions de Foucault, et qui constitue l’un des héritages les plus féconds de sa pensée.
Mais, si l’esthétique de l’existence apparaît à l’occasion du travail de Foucault sur les textes antiques, elle trouve pourtant des origines plus tardives, maintes fois esquissées par Foucault lui-même, tantôt dans la pensée renaissante, tantôt à travers le dix-neuvième siècle, tantôt chez Baudelaire ou Nietzsche, constituant pour le philosophe une « longue histoire » qui demeure « à faire ou à reprendre » (L’Usage des plaisirs, in Œuvres complètes t. II, p. 745). L’esthétique de l’existence se façonne donc dans la réception que fait Foucault de différentes traditions littéraires et philosophiques, de pratiques d’écriture qui se font aussi pratiques de soi dans le mouvement même de leur conquête d’un style.
Lors de ce colloque, nous voudrions nous saisir du vœu formulé par Foucault, jusqu’à présent resté sans suite, en produisant une généalogie de cette notion, de l’antiquité au xixe siècle, en passant par la Renaissance et en en poursuivant les fils jusque dans le monde contemporain, voire au-delà de Foucault lui-même. Quels ont été les héritages et transferts théoriques, artistiques, littéraires de ce concept, et quelles sont les formes contemporaines de l’esthétique de l’existence ? D’un point de vue plus interne à la pensée de Foucault lui-même, quelle généalogie peut-on tracer de cette notion au sein de son travail, opère-t-elle une rupture ou est-elle annoncée par un certain nombre de problématisations antérieures ? Quelles articulations entre esthétique, politique et éthique rend-elle pensable à travers les régimes de discours ?
organisée par l’UMR Savoirs, Textes, Langage (STL) – Université de Lille , et le Centre Prospéro – UCLouvain Saint-Louis Bruxelles :
Isabelle Ost Isabelle.ost@uclouvain.be
Martin Mees martin.mees@univ-lille.fr
Philippe Sabot philippe.sabot@univ-lille.fr