Castoriadis et les Grecs (Cahiers Castoriadis 5)
sous la direction de Ph. Caumières, S. Klimis & L. Van Eynde
Edition: Bruxelles, Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 2010.
L’importance de la Grèce ancienne dans la pensée de Castoriadis imposait que nous consacrions entièrement à cette thématique au moins une édition de nos Journées d’études annuelles. «Castoriadis et les Grecs» fut donc le thème choisi en 2008, à l’occasion de la parution de La cité et les lois, second volume reprenant les séminaires consacrés à la Grèce ancienne de Castoriadis à l’EHESS, et troisième tome de La Création humaine.
Si l’étude de la Grèce ancienne n’émerge comme thématique centrale dans l’oeuvre de Castoriadis que dans les années 1970, le lien avec son engagement politique de toujours est néanmoins patent. En effet, pour Castoriadis étudier la culture grecque, c’est «se demander comment, dans quelles conditions, par quelles voies la société humaine s’est montrée capable, dans un cas particulier, de briser la clôture moyennant laquelle, en règle générale, elle existe». Car cette attitude n’est aucunement universelle, mais tout à fait exceptionnelle dans l’histoire des sociétés humaines. Dès lors, Castoriadis situe son rapport aux Grecs bien au-delà de la simple interprétation. Il ne s’agit pas simplement d’érudition théorique mais d’un travail politique : «Quand nous abordons la naissance de la démocratie et de la philosophie, ce qui nous importe, c’est notre propre activité et notre propre transformation (de la société et du sujet), c’est la Grèce qui a créé la possibilité de ce projet de compréhension : comprendre sa propre histoire pour se transformer soi-même.» Si Castoriadis s’est attaché à étudier «ce qui fait la Grèce» des poètes, des historiens, des philosophes, mais aussi des institutions politiques, c’est donc parce qu’il la considère comme un germe d’autonomie politique et philosophique, à réinventer, interminablement. Ce sont les multiples facettes de ce «germe grec» que nous nous sommes efforcés de thématiser dans le présent recueil.
Avec les contributions de Myrto Gondicas, Stéphane Vibert, Antonio Dabdab Trabulsi, Jean-Marie Vaysse, Sylvain Delcomminette et Klaas Tindemans