Consacré par la Palme d’or à Cannes en 1958 pour Quand passent les cigognes, Mikhaïl Kalatozov tourne Soy Cuba sur l’île caribéenne peu après la révolution castriste. Porté par la caméra virtuose de Sergueï Ouroussevski, ce long-métrage donne à voir la dictature de Batista et la révolte du peuple cubain.
Sorti en salle en 1964, le film est mal reçu. Il faut attendre les années 1990, et l’engagement de Martin Scorsese et Francis Ford Coppola, pour que les cinéphiles du monde entier découvrent ce trésor oublié.
Dans cet ouvrage richement illustré, les scènes clés du film sont analysées selon différentes perspectives : le réseau de références à la fois internes et externes (Le Cuirassé Potemkined’Eisenstein notamment), le lien entre mouvement, espace et obstacle, l’incertitude de l’Histoire, la bande-son qui conduit le film aux portes de la comédie musicale. Avec en toile de fond une question : comment expliquer l’échec initial de ce film né pour la propagande ?
Sébastien Laoureux est directeur du département de philosophie de l’Université de Namur et co-responsable du Centre Arcadie. Il a récemment codirigé l’ouvrage Jacques Rancière, aux bords de l’histoire (Kimé, 2021).
Laurent Van Eynde est professeur de philosophie à l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, où il codirige le Centre Prospéro. Il a notamment fait paraître Déjà vu. Essai sur le retard de la création au cinéma (Vrin, 2022) et Une île battue par les vents. Sur le cinéma de Roman Polanski (La Lettre volée, 2024).