29 et 30 septembre 2022
Organisé par le Centre Prospéro. Langage, image, connaissance, Université Saint-Louis – Bruxelles
Sous la direction de Natacha Pfeiffer et Laurent Van Eynde
Ces journées ont pour objectif d’explorer dans une perspective interdisciplinaire le concept de série. Organisation spécifique du multiple – au même titre que la liste ou la collection –, la série constitue un modèle et un geste épistémique que de nombreuses disciplines exploitent chacune singulièrement pour interroger les limites de leur forme. Traditionnellement définie comme une suite non orientée, la série évoque tant la régularité et l’exhaustivité potentielle que la discontinuité et la puissance d’inachèvement. En cela, elle constitue une voie d’accès particulière à la généralité et entretient un rapport inédit à la fois au fini et à l’infini. La série présente également un lien privilégié à la question de l’histoire : elle engendre un découpage temporel spécifique qui déconstruit la continuité tout en conservant potentiellement une certaine linéarité. La série permet ce faisant de questionner l’évolution de la forme, sa génération, sa variation, voire sa répétition, que celle-ci soit de nature historique, biologique ou mathématique. Un tel paradigme pose aussi la question du fondement ou de l’origine, car toute série possède en effet nécessairement un premier terme, que celui-ci se présente comme un phénomène concret ou comme un principe idéel de mise en série.
Dans le cadre de ces journées, nous explorerons les différentes formes de savoir qu’un tel paradigme a instituées, et ce, tant dans le domaine des sciences humaines et sociales que dans celui des sciences de la nature. Concept central dans les disciplines historiques, dans la sociologie, l’anthropologie, la botanique, les mathématiques ou encore la biologie évolutive, la série constitue un paradigme ambigu et protéiforme dont il s’agira de cerner les manifestations et les enjeux. Des figures aussi différentes que celles de Goethe, de D’Arcy Thompson, de Charles Darwin, de Felix Klein, de Pierre Chaunu, de Claude Levi-Strauss, de Georges Kubler, d’Ernst Cassirer ou encore de Gilles Deleuze, qui ont usé d’un tel paradigme afin d’organiser et de composer leur propre exploration « du champ du fini », constituent autant de perspectives de recherche qui pourront être examinées. Il s’agira de retracer l’histoire d’un tel paradigme, de le définir en le confrontant à d’autres formes épistémiques – comme l’arbre, la lignée ou la grille – ou à d’autres gestes concurrents de construction du savoir, que ce soit la mise en récit ou le montage.