Evènement annulé
Le 17 novembre 2020,
Organisé par le Centre Prospéro. Langage, image, connaissance (USL-B)
Dans le contexte de la philosophie classique allemande, le concept de Bildung (pouvant être traduit, selon les contextes, par formation, éducation, culture ou édification) joue un rôle de premier plan et est au centre d’une série de conflits d’interprétation. Chez la plupart des représentants de l’Idéalisme allemand, la Bildung ne doit pas être pensée seulement comme une théorie de l’éducation stricto sensu, mais plus généralement comme un complexe conceptuel original où la « formation » est pensée à la fois comme un opérateur éthique de culture de soi, une fonction constitutive des relations sociales et un levier politique de renversement des rapports de force. Les dimensions pédagogiques et politiques y sont si intimement liées qu’on peut voir dans le concept de Bildung le titre général de la détermination réciproque de ces deux domaines, le lieu même de l’interface politico-éducative de la réalisation de la liberté. Se posant à la fois comme projet éthico-culturel et comme paradigme politico-éducatif, le concept de Bildung indique le processus de transformation des sociétés à travers la libre formation de l’individu.
Alors que les études sur cette thématique abordent le plus souvent les théories de la Bildung des auteurs de cette période pris isolément, il convient aujourd’hui d’entreprendre une comparaison systématique des philosophies de la Bildung dans l’Idéalisme allemand (Kant, Fichte, Hegel, Schleiermacher, Goethe, Humboldt) qui puissent se construire autour de différents axes thématiques, où s’expriment des tensions entre des pôles opposés portant sur la sa vocation émancipatrice et les modalités de sa fonction transformatrice (Umbildung). Mais outre ce travail de reconstruction historique et systématique, il faut aussi pouvoir montrer jusqu’à quel point l’idéal moderne de la Bildung est encore actuel dans ses ressources conceptuelles et normatives, en le mettant à l’épreuve des reprises critiques dont il a pu faire l’objet depuis la fin du 19ème siècle (notamment chez Nietzsche, Dewey, Rorty ou Foucault), mais aussi en le confrontant à certains enjeux politico-éducatifs contemporains, en lien notamment avec les paradigmes de la « société de la connaissance » ou de la « learning society ».
C’est à ce double travail de reconstruction historico-systématique de la philosophie moderne de la Bildung et de mise à l’épreuve de sa pertinence contemporaine que se consacrera le colloque intitulé « Bildung.
L’actualité intempestive d’une idée moderne », grâce à la participation de spécialistes de la philosophie classique allemande qui, par leur travaux, ont chacun cherché à mettre en évidence la postérité et les ressources encore inexploitées de celle-ci pour la pensée contemporaine.